Quels sont les avantages de la reprise d’entreprise ? Comment reprendre ? Vers qui se tourner ? Jean-Christophe Cremmel, Chargé de développement économique à la Chambre de Métiers d’Alsace nous apporte son éclairage.
Quelle est la grande différence entre la création et la reprise d’entreprise ?
La création d’entreprise consiste à créer une nouvelle entité économique, ce qui implique entre autres la création d’une offre, d’une marque et la recherche d’une clientèle. La reprise d’entreprise repose, quant à elle, sur la prise de contrôle d’une entreprise, soit par le rachat, soit par une succession familiale. Une autre grande différence entre la création et la reprise réside en le temps d’adaptation. On doit être directement opérationnel lorsque l’on reprend une entreprise, ce qui n’est pas le cas dans le cadre d’une création. Par contre, la prise de risque lorsque l’on créé sa structure est plus importante, car on ne part pas d’un existant.
L’existant est le gros avantage de la reprise d’entreprise ?
Effectivement, lorsque l’on reprend une entreprise, on a déjà un chiffre d’affaires, une rentabilité, des clients, des fournisseurs… Cet historique sécurise la banque et les éventuels futurs partenaires.
Pourtant, beaucoup d’aprioris liés à la reprise persistent. Quels sont-ils ?
Le coût est le premier apriori que l’on peut avoir. Il est vrai, qu’en pratique, l’apport demandé peut être plus conséquent dans le cadre d’une reprise d’entreprise. Mais au final, la reprise incluant la partie immatérielle, le financement entre une reprise et une création d’entreprise est assez similaire. Par exemple, un boulanger aura besoin d’un four, un pétrin, d’un laminoir… Dans le cadre d’une création, il lui faudrait faire l’acquisition de tout cet équipement, alors que dans le cas d’une reprise, il sera déjà intégré. Mais attention, tout dépend de l’activité envisagé ! Ce n’est pas la même chose d’acheter des machines à 50 000 € que d’ouvrir un salon de coiffure où il y a peut-être moins d’investissement à réaliser.
Est-ce que le marché est propice à la reprise ?
Si on fait un focus sur le Nord-Alsace, le marché est vraiment propice à la reprise. Actuellement, un nombre important de chefs d’entreprise se rapprochent des 55 ans, voire plus. On risque de voir disparaître de nombreuses activités d’ici 5 à 10 ans, faute de reprise. Une situation d’autant plus forte que les enfants n’ont aujourd’hui pas forcément envie de reprendre l’affaire familiale et optent, bien souvent, pour d’autres choix de carrière.
Une fois le projet de reprise bien défini, que faire ?
La première chose à faire est de cibler une entreprise que l’on souhaite reprendre. La seconde étape est d’évaluer cette entreprise. On va ainsi analyser le marché et la concurrence, mais aussi le patrimoine de l’entreprise (bilan, chiffre d’affaires, rentabilité…). Attention à ne pas se baser uniquement sur la notion de chiffre d’affaires ! Ce n’est pas parce qu’une entreprise fait beaucoup de CA qu’elle est forcément rentable…
Quelles sont les différentes modalités à la reprise ?
Sur le secteur des TPE (Très Petites Entreprises), il y a deux principales modalités de reprise. On peut reprendre le fonds de commerce, ce qui englobe la partie immatérielle (clientèle) et la partie matérielle (équipements, stocks) de l’entreprise. Mais on peut aussi décider de reprendre les parts sociales ou les actions de l’entreprise. Concrètement, on reprend toute l’entreprise avec ses dettes, ce qui peut être selon les cas plus risqué. Suite à cela, suivront un audit juridique, fiscal, social et financier, l’envoi d’une lettre d’intention, et enfin, la signature du compromis de vente.
Combien de temps prend une reprise d’entreprise ?
Une reprise d’entreprise met entre 6 à 9 mois pour se finaliser. Et tout démarre par un premier rendez-vous avec le cédant ! Idéalement, on conseille de travailler en duo avec le futur cédant afin de reprendre l’entreprise dans les meilleures conditions. Mais ce travail en duo doit être limité dans le temps, quelques mois peuvent suffire.
Quelles sont les aides dans le cas d’une reprise d’entreprise ?
Les aides à la reprise ressemblent aux aides à la création. Il faut tout d’abord clarifier sa situation auprès de France Travail. On a le choix entre maintenir son allocation d‘Aide au Retour à l’Emploi (ARE) ou percevoir un versement en capital. Ce versement représente 60% du montant des droits (30% à la création et 30% six mois après). On peut ensuite travailler le financement de son projet grâce au soutien de divers organismes tels que l’association Initiative Nord Alsace, la BPI, France Active Alsace, le financement participatif… Et bien évidemment sa propre banque.
Comment se former à l’entrepreneuriat ?
Même s’il n’existe pas de formation obligatoire préalable, il est fortement conseillé aux créateurs et repreneurs d’entreprise de se former à la gestion, au commercial, aux éventuels logiciels nécessaires à l’activité, etc. Les Chambres Consulaires (CMA, CCI) proposent ces formations bien spécifiques.
À qui m’adresser pour reprendre une entreprise ?
Il existe plusieurs canaux pour trouver l’entreprise à reprendre : le site transentreprise, Bpifrance, Leboncoin… Mais le plus simple est encore de se rapprocher des chambres consulaires (CCI, CMA) qui vont mettre en relation repreneurs et cédants d’entreprises.
Propos recueillis par Mélanie Jehl.