Logo de la Communauté d'Agglomération de Haguenau

Communauté d'Agglomération de Haguenau

Manufacture Blumenroeder : savoir-faire d’exception au service des orgues

Au sein de l’ancienne grange dimière de la paroisse St-George à Haguenau, se cachent des artisans passionnés, qui travaillent en harmonie à la restauration d’orgues. En effet, la manufacture Blumenroeder donne aux orgues de toute l’Europe un nouveau souffle.

« Chaque création d’orgue démarre par un dessin et se finalise par l’harmonie », explique Quentin Blumenroeder, fondateur de la Manufacture d’orgues qui porte son nom. Si effectivement le crayonné est le point de départ, de nombreuses étapes sont nécessaires à la restauration de cet instrument majestueux, figure centrale des églises. La manufacture de Quentin, installée dans l’ancienne grange dimière de la paroisse St-George à Haguenau, abrite ainsi de multiples corps de métiers. Sous les mains expertes de ces menuisiers, forgerons, ébénistes, tuyauteurs, mécaniciens, dessinateurs et acousticiens, l’orgue (re)prend peu à peu vie. Presque l’intégralité de l’orgue (même les clous !) est réalisée sur place, à Haguenau ! « Nous ne sous-traitons que la fabrication des tuyaux et la réalisation des sculptures en bois », indique le facteur d’orgues. Patience, minutie et dextérité sont nécessaires à la restauration de ces instruments, qui peuvent monter jusqu’à 10 mètres de haut. « Nous avons la chance d’avoir une équipe soudée, composée de passionnés, qui, pour beaucoup, sont eux-mêmes organistes », complète le dirigeant.

Une figure : Jean-Sébastien Bach

Avant de monter sa manufacture en Alsace, Quentin a connu un parcours pour le moins aventureux. Issu d’une communauté alternative, établie au cœur des Alpes-de-Haute-Provence, il a vécu ses 15 premières années sans eau courante, électricité et école. Tout jeune, il s’intéresse à la mécanique, a pris habitude de réparer les tracteurs… mais rien ne le prédestinait à restaurer ou créer des orgues. C’est sa grand-mère installée à Marseille, qui, en lui faisant découvrir les œuvres de Jean-Sébastien Bach, éveille en lui une passion dévorante. « Encore aujourd’hui, dès les premières notes de Bach, je me sens comme à la maison », confesse Quentin. Bach l’amène naturellement à aimer l’orgue, l’instrument de prédilection du compositeur allemand. Avec le soutien de sa grand-mère, il intègre alors le Centre National de Formation d’Apprentis Facteurs d’Orgues à Eschau. Après un essai auprès d’une manufacture d’orgues de barbarie, Quentin décide de revenir à ses premiers amours : l’orgue. Il fait ses premières gammes auprès de Rémy Mahler à Pfaffenhoffen, Bernard Aubertin dans le Jura et Émile Jobin à Paris. Il passera de nombreuses années auprès de Rémy Mahler avant de prendre son envol, et créer en 1998 sa propre manufacture.

De l’or dans les mains

6 mois à 2 années sont nécessaires à la restauration complète d’un orgue. C’est pourquoi il est courant de voir l’équipe de Quentin travailler sur plusieurs projets en parallèle ! Les commandes proviennent essentiellement de France, de Suisse et d’autres pays limitrophes européens. « L’Allemagne, l’Autriche, la Pologne et la Suisse abritent historiquement des orgues » commente l’artisan. Mais l’Alsace tire bien son épingle du jeu avec plus de 1200 orgues dont 180 classés aux Monuments Historiques. Pour répondre à toutes ces demandes, Quentin est entouré de 4 collaborateurs, 5 apprentis dont certains dans leur 3ème formation (ébéniste, facteur d’orgues, tuyautier) et d’autant de stagiaires, à qui il partage volontiers sa passion. « Ces jeunes ont de l’or dans les mains » confesse-t-il. Même si l’essentiel de son activité repose sur la restauration, le facteur d’orgues qu’est Quentin réalise également quelques créations. C’est le cas par exemple de la basilique de Paray-le-Monial, en Bourgogne, qui se verra prochainement dotée d’un orgue flambant neuf, au design franchement contemporain. Mais ce que Quentin préfère le plus, c’est d’explorer l’orgue à restaurer, y trouver une signature, une marque des anciens facteurs d’orgues. « Cette forme d’archéologie m’apporte toujours de grands moments d’émotion » partage-t-il.

Mélanie Jehl.